« eva me permet d’y voir plus clair dans le niveau scolaire réel des jeunes que j’accompagne, sans créer de tensions ou de réticences du fait du format très ludique apprécié des jeunes »
Kristelle Le Pape,
coordinatrice du dispositif « Prepa Apprentissage » à la Chambre des métiers et de l’artisanat de Bretagne, campus de Quimper.
Eva est un outil déployé au sein du dispositif de la Prepa Apprentissage au CMA de Bretagne, sur le campus de Quimper afin de déterminer le niveau de français et de mathématique des jeunes et de les accompagner au mieux dans leur projet d’apprentissage.
Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre dispositif?
Kristelle Le Pape:
Je suis coordinatrice du dispositif Prepa Apprentissage depuis juin 2019, suite au 1er appel à projet dans le cadre du Plan d’Investissement aux Compétences.
Ce dispositif s’adresse aux jeunes entre 16 et 29 ans, qui ont pour projet plus ou moins défini de poursuivre un apprentissage. L’objectif de la prepa est de les accompagner à l’aboutissement de leurs projets: trouver une formation, une entreprise, sécuriser leur parcours de formation.
Dans le concret, cela passe par la découverte des métiers dans l’apprentissage, en testant par exemple différents métiers sur nos plateaux techniques ou en partenariat avec d’autres CFA, et jusqu’à la signature du contrat avec le CFA et l’entreprise.
Les jeunes arrivent principalement chez nous sous la prescription des missions locales, mais on retrouve de plus en plus fréquemment au sein des prepa des jeunes décrocheurs qui sont toujours inscrits dans un établissement scolaire (collège et lycée), et pour qui la prepa apprentissage est parfois une voie pertinente pour éviter un décrochage complet, car cela ouvre à d’autres perspectives que le système scolaire classique.
Au CMA Bretagne, nous animons 6 sessions annuelles avec un maximum de 12 jeunes par session, sur un programme de 5 semaines consécutives.
Comment utilisez-vous eva et comment cela vous aide t-il dans vos accompagnements?
Je fais passer eva en début d’accompagnement et je m’en sers dans le cadre de l’entretien individuel du début d’accompagnement. Je fais passer le module de pré-positionnement eva, puis selon les jeunes et leurs capacité de concentration, je complète avec le module de positionnement en littératie, pour un diagnostic plus précis.
Certains jeunes sont en classe ULIS, d’autres sortent du collège ou du lycée, d’autres déscolarisés ou en voie de décrochage. On a des groupes assez hétérogènes en termes de profil et de niveau, donc ça me permet d’y voir plus clair dans leurs niveaux réels.
La plupart des jeunes me sont envoyés au dernier moment, un peu en urgence, et je n’ai pas eu le temps d’obtenir toutes les infos sur les niveaux des jeunes. Je peux m’appuyer sur le niveau de la classe d’origine, si c’est Segpa ou ULIS je sais qu’ils sont plus sensibles d’avoir des difficultés par rapport à leurs niveaux scolaires, mais c’est présumé et insuffisant, et eva me permet de faire le point concrètement.
Les jeunes apprécient beaucoup l’outil car il est ludique. J’avais essayé un autre outil, mais je l’avais trouvé très scolaire et difficile pour mon public. Le fait qu’eva ce soit des petits jeux ça apporte beaucoup plus d’acceptation du test et ça lève les réticences.
Ce matin encore j’entendais une jeune pendant sa passation qui disait ‘Ah c’est sympa ces jeux’, ça lève le frein important qui existe lorsqu’on doit réaliser des tests de positionnement des compétences en particulier pour des jeunes qui sont en voie de décrochage ou sortis du système scolaire.
Comment eva vous aide t-il à faire le lien entre les compétences acquises et les projets de formation ?
Dans notre parcours d’accompagnement, nous sommes amenés à échanger avec le jeune de leurs qualités, leurs défauts, ce qu’ils aiment faire ou ne pas faire. Et nous pouvons en partie nous appuyer sur le test eva pour illustrer certaines choses.
Concernant les compétences transversales, je m’appuis dessus pour explorer les secteurs d’activité et les métiers avec eux, dans lesquels ils ont révélés des compétences transversales fortes. Les jeunes ne savent pas ce que veut dire des compétences transversales, donc j’utilise également eva pour aborder ces concepts et les rendre concrets. À partir des listes de métier, on regarde si cela leur parle et même si c’est pas toujours systématique, je trouve que le diagnostic des compétences transversales est assez révélateur quand même.
Je complète ensuite eva avec un test d’orientation qui donne une liste des métiers. Faire les deux tests me permet de faire des regroupements et de voir si il y a des concordances avec des métiers ou des secteurs professionnels, si ça confirme les idées que les jeunes avaient. Ça nous permet d’avancer sur le projet ensemble progressivement.
J’imprime aux jeunes l’ensemble du bilan que j’utilise en entretien, on analyse les compétences transversales, et on parle du niveau des français et des maths. Bien souvent ils ne sont pas surpris de leur niveau, ça permet d’échanger dessus plus simplement.
Comment utilisez-vous les résultats des tests eva dans vos orientations et accompagnements?
Dans le consortium de la Prepa apprentissage nous avons LADAPT, structure qui accompagne des personnes en situation de handicap, qui vient en relais lorsque certaines fragilités ou handicap sont décelés. C’est donc vers eux que je redirige les jeunes qui sont identifiés entre autre avec eva avec des savoirs de base fragiles (français et maths) et donc potentiellement en situation d’illettrisme, ou bien encore lorsqu’il y a des phobies scolaires, pour un accompagnement plus rapproché.
Par ailleurs, le diagnostic eva me sert également lorsque les jeunes vont intégrer le CFA, à identifier ceux qui auront plus besoin de soutien sur le français et mathématique. Lorsqu’ils sont orientés vers une formation et identifiés avec des fragilités au niveau des savoirs de base, voire en situation d’illettrisme, je joins au dossier le diagnostic eva pour que les collègues puissent disposer de tous les éléments pour les accompagner au mieux, à la fois dans la formation et dans l’entreprise.
Propos recueillis en Mai 2023