« Pour moi eva c’est vraiment un outil d’échange, de connaissance et de découverte du jeune. Cela me permet d’établir un lien de confiance et du côté du jeune de le revaloriser par rapport à ses compétences . »
Sophie Binsse,
Accompagnatrice « Prepa Apprentissage » à la CMA de Saint Martin Boulogne
Depuis son arrivée en tant qu’accompagnatrice à la Prepa Apprentissage du CMA de Boulogne Saint Martin, Sophie utilise eva en début de parcours pour apprendre à connaître le jeune, établir un lien de confiance, tout en se faisant une idée plus précise du niveau scolaire.
Pouvez-vous commencer par vous présenter, votre métier et votre structure ?
Sophie Binsse:
Je suis animatrice du dispositif Prépa apprentissage au sein de la Chambre des métiers de l’artisanat, sur l’antenne de Saint-Martin-Boulogne. Mon rôle est d’accompagner les jeunes dans le cadre de la Prépa apprentissage. Il s’agit de jeunes âgés de 16 à 29 ans qui sont déscolarisés, pour certains, depuis pas mal de temps. En règle générale, ils ont arrêtés l’école après la 3ème.
Quand je les accueille au sein de la prepa, soit ils sont un peu perdus dans leur projet professionnel ou bien ils ont quand même une petite idée de ce qu’ils ont envie de faire.
La Prépa apprentissage, c’est vraiment une voie vers l’apprentissage, avec un accompagnement qui est individualisé avec la définition de projet et une remise à niveau si besoin. On s’adapte vraiment en fonction du profil du jeune, sur un accompagnement de 6 mois maximum. Avec la Prépa apprentissage, proposé par la CMA, ils peuvent découvrir les métiers que nous proposons ici, mais pas seulement. Si un jeune n’est pas forcément intéressé par les formations que nous proposons, je peux tout de même l’accompagner et après, le diriger vers d’autres centres de formation ou d’autres dispositifs.
Comment se passe l’accompagnement individuel chez vous ? Et comment y intégrez vous l’utilisation d’eva ?
Nous faisons des entrées et des sorties permanentes, donc à un instant T les jeunes n’en sont pas au même point dans leur avancée. J’essaie au maximum de voir les jeunes en individuel car, pour la plupart, ils ont peu d’estime d’eux-mêmes, peu confiance en eux et souvent peur de parler en public, d’autant plus que, pour la plupart, ils ont eu quand même pas mal de difficultés avec les autres élèves quand ils étaient scolarisés.
Eva c’est le seul test que je fais passer à mes jeunes, car le côté du ludique permet vraiment de le proposer plus simplement. Le côté ludique sous forme de jeu, c’est vraiment super, visuellement c’est sympa, c’est joli avec de belles couleurs, c’est varié également. Je fais passer systématique eva pour délier les langues, ça permet d’établir le lien tout de suite et de discuter. Cela me permet également d’aborder la scolarité, les problèmes qui n’ont pas résolu etc … Donc pour moi eva c’est vraiment un outil pour l’échange, la connaissance et la découverte du jeune. Cela me permet d’établir un lien de confiance et du côté du jeune de le revaloriser par rapport à ses compétences.
Cela me permets de faire une introduction en douceur avec les jeunes. Je fais passer eva au 2ème rendez-vous, pour les mineurs, c’est la première fois que je les reçois sans les parents. Lors de ce second rendez-vous, on rediscute un petit peu, on refait un point sur la prépa et puis on enchaine tout de suite avec eva.
Comme nous sommes en entrée et sortie permanente, je fais passer le test en individuel, mais je reste dans la salle avec eux. Au départ je leur demandais de ramener des écouteurs mais finalement je me rends compte que c’est plus intéressant qu’ils fassent sans écouteurs car parfois je peux identifier certains types de comportements, mieux appréhender des difficultés etc.
Le petit test d’auto positionnement du début de parcours me permet d’entamer une conversation avec le jeune vis-à-vis de certaines problématiques, notamment de santé, que je n’aurais pas forcément pu déceler, du moins pas aussi rapidement, et ça me permet vraiment d’échanger avec eux par rapport à ça. Par exemple, ça m’a permis de déceler qu’un jeune n’avait pas d’avait pas de mutuelle. Parce qu’il m’avait dit qu’il avait vraiment des problèmes de vue, donc là-dessus j’ai insisté en disant que c’était important pour la suite, qu’il devrait prendre rendez-vous chez l’ophtalmo etc. Et c’est là qu’il m’a dit qu’il n’avait pas de mutuelle, donc que c’était compliqué etc. J’ai donc pu l’orienter vers notre intervenante sociale. Voilà, ça permet quand même de résoudre des problèmes concrets.
Concernant les restitutions des compétences en français/ maths et les compétences transversales, comment les utilisez-vous ?
Par rapport à leurs compétences en français et mathématiques, on en discute. Je leur dis par exemple: je vois que t’as un petit peu plus de difficultés en maths qu’en français est-ce que toi tu te perçois de cette manière ? Souvent il s’avère que c’est vrai, qu’ils en ont conscience et par rapport à ça, j’essaye de faire le lien avec les potentiels de métiers qui pourraient les intéresser.
Par exemple, pour un jeune qui veut faire pâtissier, si je vois sur eva qu’il a de grosses difficultés en mathématiques, là j’essaye de faire une transposition avec le métier et je peux lui expliquer concrêtement l’intérêt des savoirs de base pour son projet. Par exemple, pour être patissier, il faut savoir utiliser les conversions, peut-être utiliser les fractions pour les recettes et je cite les exemples: 2/3 de lait, 1/4 de beurre, il faut 30 centilitres mais moi j’ai une briquette de 500 centilitres. Enfin, comment calculer etc ?
J’essaye vraiment de les relier à ce qui les intéresse, et vraiment d’éloigner les français et les mathématiques du scolaire.. Pour des jeunes qui n’ont pas vraiment pas de projet défini, j’ai plus de mal à faire de lien mais j’essaye de rester dans du concrêt.
A ce moment là on va parcourir la liste des métiers, qui parfois va ouvrir des pistes, mais parfois pas.
Que mettez vous en place lorsque des difficultés dans les savoirs de base sont décelées ?
C’est pas toujours simple au sein du parcours, car la prépa apprentissage, et ce n’est pas l’école, donc j’essaye au maximum de pas le mettre juste devant une feuille avec un stylo et lui demander de faire des exercices. Mais je ne suis pas professeur de français ou de maths, c’est parfois un peu compliqué. J’essaye de créer des supports pédagogiques en m’inspirant d’internet ou de livres que nous avons à la chambre des métiers.
Lorsqu’ill y a également des difficultés en maths et en français qui sont remontées, ça me permet également de rebondir sur le fait que dans la voie de l’apprentissage, il y aura quand même des matières générales et d’échanger avec le jeune sur sa motivation ou sa réticence vis à vis de cela.
Nous travaillons avec l’AFPA, je m’appuie sur leur cartographie des compétences, et je réoriente aussi les jeunes vers certains de leurs ateliers où je sais qu’ils proposent des formats ludiques sur la remise à niveau.
Propos recueillis en Juin 2022