Temoignage de Vincent MEIGNEUX, Mission Locale du Douaisis

«Le retour des jeunes est très positif car ils n'ont pas l'impression de passer une évaluation grâce à la diversité des activités."

illustration de bienvenue

Vincent MEIGNEUX est le référent Numérique à la Mission Locale du Douaisis. Son rôle est d’accompagner les salariés de sa structure ainsi que le public aux usages du numérique et d’en développer son utilisation (mise en place de la transition numérique). Il est également chargé de la mise en conformité de la Mission Locale concernant le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD).

En 2021, la Mission Locale du Douaisis a accompagné 5101 jeunes dont 1820 nouvellement accueillis et 950 ont intégrés la Garantie Jeunes. Cette structure couvre le territoire de 3 intercommunalités (en milieu urbain et rural) et accueille son public dans 9 lieux.

eva

Vincent MEIGNEUX

Pourquoi et comment avez-vous implémenté eva au sein de votre structure ?

C’est au cours d’un webinaire proposé par l’UNML (Union Nationale des Missions Locales) que j’ai découvert la plateforme eva et j’ai immédiatement trouvé l’outil intéressant. En effet, auparavant sur un poste de conseiller en insertion, j’ai souvent été confronté à des jeunes que j’estimais en situation d’illettrisme mais je ne disposais d’aucun outil en interne pour objectiver cette estimation. De plus, l’orientation vers un organisme de formation pour évaluer le jeune n’était pas simple et celui-ci avait tendance à décliner ma proposition. Eva permet d’évaluer le degré d’illettrisme d’un jeune (évaluer ses compétences de base) et de commencer à travailler le projet professionnel (identifier ses compétences transversales) par l’intermédiaire de serious game.

Après avoir suivi le webinaire proposé par eva, j’ai créé le compte pour ma structure et j’ai activé mon compte administrateur. J’ai ensuite présenté l’outil en réunion d’équipe puis également en webinaire et j’ai formé les collègues intéressés en interne avant de valider leur accès à l’espace professionnel de notre structure. Certains ont suivi directement le webinaire proposé par eva chaque semaine.

Dans un premier temps, nous avons mis en place un atelier animé par un animateur numérique au siège de la Mission Locale et depuis, des conseillers proposent le même atelier dans d’autres lieux d’accueil au plus près du public.

Quelle est votre utilisation de eva ?

Nous proposons eva aux jeunes accompagnés dans le cadre du PACEA, en GJ/CEJ ou dans le cadre des accompagnements spécifiques (IEJ/FSE+, jeunes invisibles, en situation d’handicap, sous main justice…), bref, à tout jeune de notre Mission Locale.

La passation d’eva se fait lors d’ateliers collectifs en présentiel tant pour les jeunes en CEJ que pour les autres et dure environ 1h15 pour le parcours complet. Les conseillers habilités à l’usage de l’espace professionnel ont la possibilité de créer une campagne pour les groupes qu’ils accompagnent et peuvent ainsi plus facilement retrouver les résultats. Systématiquement, un conseiller et/ou un animateur numérique est présent lors du passage du test afin de s’assurer de son bon déroulement sans trop interférer afin de ne pas influencer le résultat. A l’issue de cette première étape, le conseiller référent revoit individuellement le jeune afin de lui remettre les résultats présentés sous la forme d’un compte rendu détaillé, simple et bienveillant et d’en échanger avec lui.

A partir de ce moment, en s’appuyant sur l’évaluation eva, une proposition de formation peut éventuellement être faite (SIEG, CLEA, ….). Nous pouvons aussi commencer à échanger avec lui sur son projet professionnel et il peut alors affiner le repérage de ses compétences grâce à la plateforme Diagoriente.

 

 

 

Vous nous avez précisé que vous n’utilisez pas les mots « test » et « évaluation » pour faire passer eva mais « point d’étape », pouvez-vous nous en dire plus ?

Effectivement, lors de la proposition de l’atelier eva, je recommande aux collègues d’utiliser l’expression «point d’étape» ou «bilan sur tes compétences» plutôt que «test» et « évaluation » afin d’éviter de rattacher eva à un contexte trop scolaire. De plus, par l’intermédiaire des différents jeux, il n’a pas l’impression de revivre les évaluations qu’il a connu au cours de sa scolarité. Certains diront que je joue sur les mots mais pour recueillir le consentement du jeune à participer à un atelier, chaque mot peut avoir son importance.

Quelle est la valeur perçue d’eva pour le public que vous accompagnez ?

Le retour des jeunes est très positif car ils n’ont pas l’impression de passer une évaluation grâce à la diversité des activités. Même si ce n’est pas systématique, ils prennent conscience de leurs lacunes et ont tendance à plus facilement accepter les propositions de formation.

Quel est votre retour général sur l’outil ? 

Je pense qu’eva doit devenir un outil incontournable dès lors que le conseiller détecte une situation d’illettrisme. Cela lui permet rapidement de vérifier si cela est avéré et d’en estimer le degré. C’est une plus-value que la plateforme évalue également les compétences transversales car le conseiller a également la possibilité de commencer à travailler le projet professionnel en parallèle.

Dernièrement, un module supplémentaire (optionnel) est venu s’ajouter afin de s’assurer que le jeune a bien les compétences numériques nécessaires à l’utilisation de la plateforme est c’est une bonne chose.

Le seul point d’amélioration est que l’on puisse proposer une campagne qui ne comporte qu’un parcours afin d’évaluer uniquement les compétences transversales pour les jeunes qui ne sont pas en situation d’illettrisme (même si je sais que ce n’est pas la vocation première de l’outil…).

Propos recueillis en Juin 2022