AFPA interview croisée : utilisation d’eva au sein de la promo 16-18 des sites de la Valette du Var et de Marseille Saint Jérôme (PACA)

«Le retour des jeunes est très positif car ils n'ont pas l'impression de passer une évaluation grâce à la diversité des activités."

illustration de bienvenue


Après s’être déployé au sein des missions locales, eva poursuit son déploiement auprès du public jeune, et en particulier dans le cadre du programme de la PROMO 16.18 de l’AFPA.
Après une première présentation et formation de l’outil initiée par AFPA PACA, deux premiers sites, La Valette du Var et Marseille Saint Jérôme ont accepté de partager leurs retours d’expérience sur leur utilisation d’eva.

eva

 Comment utilisez-vous eva ? 

 

Marie-Anne Gauch de l’Afpa la Valette-du-Var:
J’ai commencé à utiliser eva au démarrage de mes accompagnements, pour m’aider à mieux cibler mes actions. Je l’utilise sur l’ensemble des jeunes qui entrent dans le dispositif 16-18, et ensuite je m’appuie sur ces diagnostics pour faire d’autres tests.

Les tests sont passés en petit atelier, puis j’explore les résultats en individuel. Je commence à demander au jeune de se situer sur leurs compétences au travers de l’auto-positionnement, et après je leur restitue les résultats que j’arrive bien à m’approprier et qui m’aident à me faire une idée du niveau des bénéficiaires en compétences de base et en compétences transversales. C’est une photographie à un instant T.

Au départ dans la promo je faisais des évaluations sur papier, et je me suis rapidement aperçue que les jeunes étaient réfractaires. Souvent, ils ne voulaient pas faire le test ou laissaient la feuille blanche. J’ai donc trouvé le format d’eva très intéressant : les jeunes ne se sentent pas jugés, c’est moins formel, moins intimidant, moins stigmatisant aussi pour ceux en difficulté. Pour les jeunes, eva est un jeu. Ça sort de ce qu’ils associent au système scolaire, et donc ils sont volontaires pour passer le test. 

 

Catherine Laurent de l’Afpa Marseille Saint Jérôme:
Après la présentation de l’outil, j’ai rapidement testé EVA en tant qu’outil pédagogique additionnel au programme du parcours PROMO 1618. On le met en place dès la constitution d’un nouveau groupe, généralement en phase construction 1, soit la 2ème semaine du programme Promo 1618. Principalement pour connaître les compétences de base des jeunes décrocheurs scolaires. 

Comme ma collègue, je constate que le « papier-crayon » est refusé par les jeunes, il est considéré comme rebutant.

On présente aux jeunes eva comme une photographie à un instant T de leurs parcours. Les passations sont réalisées sur ordinateur, où on installe chaque jeune à un poste de travail, et sa prise en main leur est facile.

C’est pour moi un outil complémentaire d’aide à la remobilisation et un outil de valorisation. Ça m’aide de repasser par eva avant de leur donner à nouveau un papier crayon, ça remet un sentiment de paix vis à vis de l’apprentissage. 

Les stagiaires accueillent bien ce test qu’ils n’appréhendent pas du tout comme du scolaire, et ce malgré le fait qu’ils doivent rester concentrés près de 90 minutes.

 

 

Je fais passer le parcours complet, qui comprend les compétences de base et les compétences transversales, car à la fin de ce parcours, le jeune a déjà des premiers résultats communiqués. Pour moi, eva a un intérêt informatif à la fois pour le jeune et pour le professionnel qui l’accompagne, que ce soit pour le positionnement et l’orientation dans l’apprentissage, mais aussi pour mieux appréhender l’intégration au projet professionnel. Pour que le jeune se rendre aussi en capacité de se positionner dans son projet pro tout au long du parcours, en termes de réflexions et actions.

Quelle valeur apporte eva ?

Marie-Anne Gauch: Pour les jeunes d’abord, l’aspect des compétences transversales rend le test plus intéressant pour eux. La restitution correspond bien à la réalité des jeunes et parfois sur certaines compétences transversales, ça éclaire des aspects d’eux-même dont ils n’avaient pas conscience. La restitution permet de faire découvrir des métiers auxquels les bénéficiaires n’ont pas pensé. Je constate qu’ils sont réconfortés par le fait d’avoir des compétences transverses, en particuliers ceux qui ont des petits niveaux en compétences de base. C’est ça le positif avec eva, c’est qu’il il y a toujours des compétences qui ressortent donc ça motive les jeunes. 

Pour les lacunes, on leur explique qu’on va tout mettre en œuvre pour travailler dessus. Ça envoie le signal positif que même le jeune a des choses à travailler, s’il se trompe, ce n’est pas grave car ils ont de bonnes bases. Ça change leur perception, et je constate même que certains jeunes se sont plus ouverts et vont même au tableau. 

 

 

Catherine Laurent: Eva est un bon outil, un bon « miroir pédagogique ». Il permet la valorisation des compétences et c’est une plus-value essentielle. Il  permet aux jeunes de parler d’eux, de mieux se présenter, de « trouver des adjectifs ». Quand on est jeune avec très peu d’expérience, ça les aide de s’appuyer sur les compétences transversales. 

Concernant la liste des métiers, elle est intéressante mais je constate que les bénéficiaires se l’approprient assez peu par eux-même. C’est nous qui les passons en revue avec eux pour en choisir quelques uns et tirer le fil pour voir si cela peut leur ouvrir des pistes de projets lorsqu’il n’y en a pas. 

 

En définitive, c’est un bon outil pour le jeune pour la connaissance de soi, de ses compétences, habiletés, de points forts et points faibles. C’est un bon point de départ pour trouver avec chacun d’eux, leurs axes individuels d’amélioration en rapport à leur comportement social et comportement professionnel.

 

 

 

 Comment organisez vous les passations? 

Marie-Anne Gauch: La passation d’eva est proposée en 1ère semaine, après 3-4 jours pour cibler les difficultés. En général j’organise un atelier où je fais passer le test à 4-5 jeunes en même temps. L’atelier est un peu long, au total ça prend 1h45, parfois 2h avec l’introduction de l’atelier, l’installation sur les postes de travail et la passation des jeux. Le fait que ce soit long n’est pas forcément une mauvaise chose, car ça veut aussi dire qu’ils s’appliquent à le faire, qu’ils apprécient de réaliser le test, et ça se ressent aussi car ils sont bien calmes et dans des bonnes conditions. 

La restitution est ensuite faite en individuel, et tourne autour de la perception qu’ont les bénéficiaires de leurs propres compétences, avant d’aborder les résultats. Les bénéficiaires se sentent valorisés, en confiance. 

Catherine Laurent: J’ai commencé à utiliser eva sur des groupes en milieu de parcours, mais j’ai pas trop pu bien exploiter les résultats. L’usage d’eva me semble plus pertinent s’il est généralisé en entrée de dispositif (promo 16-18) pour travailler les soft-skills, la connaissance et l’estime de soi. L’usage d’eva peut aussi être envisagé comme activité complémentaire à la rédaction de CV et de lettres de motivation. C’est pertinent de le mobiliser à ce moment là aussi pour que le jeune puisse parler de lui aussi sur son CV, donner des adjectifs, mieux savoir comment parler de ses qualités au travers des mots de la restitution qu’ils se réapproprient. EVA, c’est concret et permet de rendre compte de leur savoir-faire scolaire et professionnels.

En général, après la restitution, je mets à disposition du jeune les résultats sous format papier ou je lui envoie par email. Les informations sont restituées avec bienveillance dans les mini textes qui accompagnent les réponses que le jeune a données.

Comment l’outil eva s’intégre t-il dans l’approche globale de l’accompagnement? 

Catherine Laurent: Pour le jeune, le résultat EVA sert pour les accompagner à repérer les points clés d’avancement du travail réalisé dans le programme 1618. Plus largement, je trouve aussi que c’est utile pour construire une habitude à faire un bilan critique de leur projet et/ou du travail réalisé : encouragement, valorisation, dépassement de soi, challenge personnel, etc

 

De mon côté, je trouve que le diagnostic eva est intéressant à communiquer à l’ensemble de l’équipe d’encadrement (interne et externe à l’AFPA) pour disposer d’arguments pour lutter contre la démotivation, l’auto dévalorisation des bénéficiaires.

La restitution finale est riche en informations.

 

Eva étant pour ma part une photographie en un instant T, pour le moment je le fais une seule fois, mais je pense que le refaire passer en fin de parcours serait intéressant pour que les jeunes puissent voir une progression. 

Propos recueillis en Septembre 2022